Chapitre 6 – Diviser pour mieux régner ( part-2 )
Malgré ses difficultés à infiltrer les écoles Wulin, Zhu Di était déterminé à imposer sa domination sur le peuple du Jianghu. Prêt à redoubler d'efforts, il forma sa propre unité spéciale pour accomplir sa volonté. La Garde Royale semblait parfaite pour ce travail. Sous Zhu Yuanzhang, le rôle des Gardes Royaux était de superviser, d'espionner et de réprimer les activités illégales des représentants du gouvernement, mais Zhu Di en décida autrement en leur confiant une mission des plus personnelles : supprimer les Wulins. Il leur avait laissé carte-blanche : tout ce qu’ils avaient à faire était d’atteindre leur objectif.
Accorder autant de puissance à ses hommes n’était peut-être pas la décision la plus réfléchie que l’Empereur ait prise et ce qui devait arriver arriva. Les membres de la Garde Royale s’enorgueillissaient de jour en jour, se vantant de leur indépendance fraîchement acquise, provoquant inévitablement la jalousie de leurs homologues militaires. Défiant toute forme d’autorité autre que l’Empereur lui-même, les Gardes Royaux ne respectaient ni les coutumes traditionnelles de l’armée ni la plupart des dignitaires du pays. Le célèbre et influent eunuque Hou Xian, à la tête de la Chambre de l’Est, lassé par une telle attitude, envoya ses subordonnés auprès des pauvres officiers offensés par la Garde Royale. Il put ainsi faire circuler une nouvelle rumeur dans le royaume : la Garde Royale tenterait de se soulever contre l’Empereur. Pour comprendre l’attitude de Hou Xian, il est bon de savoir que la Chambre de l’Est avait refusé, quelques temps plus tôt, de servir les intérêts personnels de Zhu Di.
Conscient que ses hommes étaient devenus incontrôlables Zhu Di était pourtant à mille lieues de se douter que dehors, ces derniers étaient accusés de rébellion. Une fois au courant des rumeurs qui circulaient à leur sujet, l’Empereur, qui commençait à perdre patience face à une Garde dont il se méfiait de plus en plus, conseilla à chacun de ses espions d’agir avec plus de discrétion. A ce moment là encore, il n’imaginait pas à quel point le contrôle de la Garde Royale allait lui échapper...
En fouinant sur les terres jianghiennes à la recherche de moultes informations relatives aux arts martiaux, les Gardes Royaux découvrirent une ancienne compétence maléfique appelée Sura’s Yin. Le bruit courait que cette technique extrêmement dangereuse toute droit sortie de l’Ouest du pays était susceptible de causer d’immenses ravages. Celui qui maitrisait le Sura Yin était capable de contrôler l’esprit de sa victime pour faire de cette dernière un guerrier insensible et sanguinaire. Hypnotisé par l’obtention d’un tel pouvoir, Huang Puyao, le général adjoint de la garde, implora son général, Gang Ji, de leur laisser, à lui et ses hommes, une chance de se familiariser avec cette fameuse technique. Gang Ji, fasciné lui aussi par le Sura’s Yin céda aisément au désir de son second. C’est ainsi que les hommes de la Garde Royale débutèrent leur entraînement.
Hélas, cette technique pourtant si puissante s’attaquait aussi à ceux qui l’utilisaient, absorbant peu à peu leur humanité et les restes de pitié qui les habitaient encore. Sans le savoir, Zhu Di venait de perdre le contrôle complet de la Garde Royale.
En apprenant la façon dont sa garde s’était laissé ensorceler par une vulgaire technique de Kung Fu, Zhu Di entra dans une rage folle. Allant et venant dans la salle principale du palais, l’Empereur s’efforçait de retrouver ses esprits. Non seulement il n’était pas parvenu à écraser les Wulins, mais en outre, ironie du sort, ses hommes l’avaient abandonné au profit d’un Kung Fu qu’ils étaient censés anéantir ! Zhu Di avait retourné la situation dans tous les sens et ne trouva, au final, pas de meilleure solution que de sacrifier Gang Ji devant le reste de la garde. Ainsi, tous sauraient ce qu’il en coûte aux hommes qui osent défier, trahir ou abandonner leur Empereur.
Gang Ji fut donc appelé au palais le matin suivant. Epuisé et tremblant, le général de la garde ne s’attendait pas à recevoir un accueil si peu chaleureux de la part de l’Empereur. Il pria Zhu Di de l’écouter, hurlant à qui voulait l’entendre que la faute revenait à Huang Puyao, un manipulateur qui méritait d’être arrêté à sa place. Zhu Di ne tarda pas à couper son interlocuteur d’un ton ferme avant de s’adresser calmement au bourreau. Ce dernier abattu Gang Ji sur le champ, laissant son corps inerte sur les marches du palais tandis que Zhu Di s’éloignait, triste d’avoir perdu un homme à qui jadis il avait accordé toute sa confiance.
Pendant ce temps, Huang Puyao avait naturellement pris la tête de la Garde Royale, conduisant ses hommes hors de la capitale. Rien ni personne ne semblait pouvoir les arrêter, ni les soldats de Zhu Di, ni leur famille et amis. Cousins, cousines, frères, animaux de compagnie, chèvres et lapereaux furent massacrés sur leur passage pour peu que ces derniers tentent de s’opposer à leur mission. Une fois libres de toute influence impériale, ils furent rejoints par l’ambitieux Hou Xian avec lequel ils formèrent une nouvelle école maléfique Wulin : le Jinyi. Prêts à tout pour dominer les alliances Wulin de justice, les membres du Jinyi cherchèrent du renfort du côté de la Blissful Valley, une école aux idéaux similaires. Ainsi associées, les deux alliances maléfiques possédaient le bagage nécessaire pour affronter les écoles de justice tout en limitant le pouvoir de ces dernières dans le Jianghu.
Pendant ce temps-là, la résidence Royale Qing gagnait en influence à travers toute la région. Zhu Jing avait semé le bien autour de lui, enchaînant les bonnes actions dans le Jianghu. En peu de temps, il était devenu la coqueluche des Wulins qu’il ne cessait de couvrir de gloire et de cadeaux. Des rumeurs affirmaient même que Lin Tiannan pensait sérieusement à faire de Zhu Jing son successeur au poste de Wuling Mengzhu, figure incontournable du Jianghu. Un but que l’empereur Zhu Di, qui malgré sa soif de pouvoir, ne parvenait toujours pas à atteindre…